L'article de ce jour (je vais même oser dire "de cette semaine" vu le laps de temps entre deux articles mais en même temps je vous avais prévenu) mettra donc en avant cette geek attitude qui m'habite (ce n'est pas un gros mot) puisqu'on y parlera de cinéma et de super-héros. Soucieux de plaire au public et en particulier à mes fidèles abonné(e)s, je voulais écrire un article plus général, intéressant à la fois les garçons et les filles. J'espère y parvenir car je crains les représailles d'une amie qui me réclamait récemment un article pour savoir "quelle bio-nana elle était ?". Je pense qu'elle ne m'en voudra pas car je sais qu'elle a vu le film dont nous allons parler (même si elle s'est tirée lors de la baston finale). Je reconnais une fois de plus que l'introduction a été un peu longue (mon ex serait sans doute d'accord) mais j'aime prendre le temps de mettre les choses en place. Sans plus attendre, voici donc L'Incroyable Hulk.
Réalisé en 2008 par Louis Leterrier (un petit français !), le film succède au Hulk de Ang Lee sorti 5 ans plus tôt. Un film qui, loin d'être un ratage total, n'avait pas convaincu grand monde. Entre ceux qui le trouvaient trop vert, trop bondissant ou trop physiquement proche de David Douillet et les autres qui ne retrouvaient pas ce qu'ils connaissaient du Titan Vert, personne n'entama une danse de la joie à la sortie des salles. Il faut dire que certaines données n'avaient pas vraiment été prises en compte. Le public qui s'était déplacé au cinéma avait pour la plupart comme seule et unique référence du personnage, la série télévisée des années 80. Inutile de dire que les fans de la perruque de Lou Ferrigno et de sa teinture verte qui partait à la moindre goutte d'eau allaient au devant d'une déception. Quant aux lecteurs des aventures de Hulk dans les comics, plus d'un élément scénaristique allait leur défriser la permanente. Mais assez avec la version Ang Lee et passons à celle de Louis Leterrier (qui aurait mérité de travailler pour la Fox. Cherchez pas, y'a juste un jeu de mots approximatif et pas drôle).
Précisons-le d'entrée, L'Incroyable Hulk, bien qu'il le suive chronologiquement parlant, n'est pas une suite de Hulk. Il s'en démarque d'ailleurs dès le générique de début durant lequel sont redéfinies ses origines. Une expérience menée conjointement par le docteur Bruce Banner et l'armée. Banner sert de cobaye. L'expérience tourne mal, transformation monstrueuse et fuite dévastatrice des labos. Désormais Bruce Banner est un fugitif avec l'armée américaine à ses trousses et qui essaie de trouver un remède à ses métamorphoses. Ce qui est clair avec ce bref résumé, c'est que cette version du film reprend les idées directrices de la série télé : le fugitif et sa quête désespérée de la guérison. Une bonne initiative car au final L'Incroyable Hulk s'avère passionnant, bien plus que la version précédente en tout cas. Mais si les adeptes de la série y trouvent leur compte, les lecteurs de comics ne sont pas en reste car les références y abondent. Je ne les citerai pas toutes mais Mr Blue, l'Abomination, Jim Wilson, Samuel Sterns (futur Leader) ou l'allusion amusante au pantalon violet de Hulk sont autant de citations bien venues sans trop appuyer le trait. Nous pourrions étendre le jeu en relevant les signes hérités de la série telle qu'une apparition télé du regretté Bill Bixby, Lou Ferrigno en vigile, la machine à rayons gamma ou les yeux de Banner qui changent de couleur juste avant la métamorphose, gimmick devenu mythique. Mais la qualité du film ne se limite pas à tous ces clins d'oeil. Le scénario mêle habilement les scènes d'actions et les moments "d'accalmie" qui font que même si Hulk n'est pas présent à l'écran, le film ne perd jamais de son intérêt ni n'oublie de susciter l'émotion (les retrouvailles entre Bruce et Betty sont suffisamment émouvantes pour qu'on soit en droit de s'essuyer discrètement le coin de l'oeil. Cela dit je suis peut-être un peu trop fleur bleue par moment, vous verrez bien quand vous y serez).
Le casting est quant à lui impeccable. Edward Norton interprète un Bruce Banner tout en retenue et s'avère être un choix judicieux (en plus d'un co-scénariste), William Hurt est un général Ross qu'on aime détester, Tim Roth en Emil Blonsky casse littéralement la baraque et Liv Tyler est suffisamment adorable pour qu'on comprenne la frustration du personnage de Banner à un moment plus intime du film. Quant au Hulk de synthèse, moins vert pomme et plus nerveux que son aîné, il est redoutablement efficace même si j'imagine qu'il y aura toujours un grincheux qui criera au manque de réalisme à propos d'un personnage qui de toute façon ne peut physiquement exister. Les scènes où le colosse entre en action sont mémorables (l'affrontement sur le campus, la colère face à l'orage) et raviront ceux qui ont été déçus par les bastons mollassonnes aperçues au détour d'un Fantastic Four et le Surfeur d'Argent.
C'est donc sans retenue que je vous conseille ce film qui prouve que Marvel a bien fait de ne plus brader ses licences comme la firme a pu le faire par le passé et de décider de produire ses adaptations de comics. Mine de rien, et par l'entremise de leur maison de production, le géant des comics américain est en train de bâtir progressivement un univers cohérent au cinéma comme cela a été fait dans les bandes dessinées. Et avec des réussites comme Iron Man ou ce Hulk de très bon cru, on est en droit d'attendre la suite (Captain America, Thor, Avengers) avec la bave au lèvres. Si ça, ce n'est pas une conclusion de geek ...